Un libéral, tel Sarkosy par exemple, fustigera toujours le chômeur, l’accusant systématiquement de profiter de la « générosité » (sic) de l’Etat pour s’éterniser volontairement dans « l’assistanat », assimilé à « un cancer »(re-sic). Et il s’évertuera à affaiblir les syndicats pour livrer les salariés pieds et poings liés au patronat ainsi rendu omnipotent.
En revanche, un social-démocrate misera tout sur le dialogue social afin que les solutions aboutissent à un véritable donnant-donnant. Encourager par des mesures appropriées les entreprises à investir et développer l’emploi, et provoquer en toutes circonstances la négociation entre partenaires sociaux. Compétitivité et dialogue social sont les deux mamelles de la social-démocratie.
Alors, le pacte de confiance proposé par le président Hollande aux chefs d’entreprises, social-libéral ou social-démocrate ?
Les patrons réclamaient comme ils ne cessent de le faire depuis des décennies des allègements de charges contre la promesse de créer des emplois. Pour eux, les charges qui pèsent sur leur budget les empêcheraient d’investir et d’accroître leurs activités qui favoriseraient la création d’emplois. On note que déjà, le président Giscard d’Estaing, puis le président Mitterrand avaient consenti des baisses de charges sans qu’en dépit de leurs promesses, notamment de Yvon Gataz jadis patron du CNPF, les patrons aient créé les milliers d’emplois promis.
François Hollande les prend au mot et leur annonce, en échange de créations d’emplois, la suppression des cotisations familiales dues par les entreprises. Elle s’ajouterait au Crédit d’impôt pour la création d’emploi (CICE), ce qui représenterait un abaissement de charges d’environ 30 milliards d’euros. C’est du donnant-donnant, bref un contrat de confiance.
Pour suivre une telle opération, il est prévu la mise en place de commissions de suivi et de contrôle des opérations. Tout cela avait été plus ou moins imaginé par la droite au pouvoir avant 2012, mais jamais concrétisé. Aujourd’hui, mal placée pour combattre ce qu’elle avait elle-même suggéré, elle avance des critiques injustifiées, preuve de mauvaise foi. Et il ne s’agit nullement de « comités Gustave, Théodule, Hippolyte » comme le prétend « le Figaro ». On ne peut pas laisser les choses aller de soi sans un contrôle de leur mise en pratique, ne serait-ce que pour mesurer leur adéquation à la situation et leur efficacité. Et de plus, on a vu par le passé combien les initiatives gouvernementales sont restées sans contrepartie. Là, le libéralisme serait comme « le renard libre dans un poulailler libre ». Il faut que contre cet allègement conséquent de charges, le patronat crée véritablement des emplois et ne se contente pas d’accroître ses marges, ce qui serait un marché de dupes.
Prompte à dénigrer par principe tout ce que pourrait réaliser la gauche, la droite n’a de cesse de caricaturer les propositions du gouvernement. Bureaucratie tatillonne, voire bolchevique prétend-elle. Il faudrait laisser le champ libre au patronat. Autrement dit, il faut contrôler les salariés, soupçonnés de tricher avec le chômage et les arrêts maladie, tandis que les patrons seraient tous vertueux. Mais où sont alors les « patrons voyous » que dénonçait naguère Sarkosy ?
Et ce contrat de confiance que propose François Hollande n’est pas non plus un cadeau fait aux entreprises comme le prétendent les maximalistes et les idéologues de la gauche extrême. Ce sont bien les entreprises qui créent les emplois. Il faut donc bien créer les conditions favorables pour leur permettre de le faire. Il faut donc leur alléger la barque des coûts de production pour favoriser la production et la compétitivité. Il n’y a pas de miracle.
Hollande aurait opéré une volte-face par rapport à son programme de campagne ? Outre qu’il faut toujours faire preuve de pragmatisme et non d’idéologie, les mesures annoncées sont bien marquées de social-démocratie : confiance envers les partenaires sociaux pour un véritable dialogue social et non pas stigmatisation des salariés privés d’emplois, et incitations pécuniaires aux entreprises pour encourager la croissance.
Voilà donc un bon contrat de confiance. Que chacun joue sa partition dans la clarté.
Mais il faudrait aussi que les entreprises fassent preuve d’audace et d’initiatives. Certes, le poids des charges est un des freins à la compétitivité. Mais comme le souligne le « Think-Thank » TERRA NOVA, la qualité de la production pèse aussi. Comparativement à celle de l’Allemagne, la production française ne se hisse pas à un niveau équivalent : « La production de bas de gamme est trop chère et celle de haut de gamme est trop rare ». Il conviendrait donc de changer le logiciel de la production afin de se placer sur les rangs des meilleurs. En ce domaine, les chefs d’entreprises ont encore beaucoup de progrès à faire.