La grogne a éclaté à partir d’une taxe supplémentaire sur les carburants présentée comme une contribution à la transition écologique. Or, on sait que seule une faible partie sera affectée à ce secteur. D’où le mouvement des « Gilets jaunes ». Comme demandait leur égérie : « Où va not’ pognon » ? On alourdit la fiscalité mais on continue de supprimer des services publics (hôpitaux, postes, écoles, trains régionaux, etc…), contraignant les citoyens à utiliser leur voiture pour accéder à l’un d’eux. Où est à ce prix la transition écologique ?
Les contribuables savent depuis fort longtemps que les prélèvements obligatoires sont le plus souvent versés au budget général d’où sont ensuite répartis les différents besoins.
En d’autres termes, ils constatent que ce qu’on leur prend dans les poches sert à combler le déficit budgétaire.
Tout cela ne suffirait pas forcément à déclencher une tempête si la politique fiscale du gouvernement Macron portait le sceau de la justice sociale. Or, loin s’en faut. Il suffit de rappeler la suppression de l’I.S.F. sur le patrimoine mobilier sans aucune contrepartie, la suppression de l’exit-taxe, la flat-taxe au bénéfice des plus riches, et face à ces largesses, la baisse de l’A.P.L., l’augmentation de la C.S.G. pour les retraités, la dissociation par la baisse du taux des retraites d’avec l’indice du coût de la vie, l’augmentation des taxes sur le carburant, le gel des salaires des fonctionnaires, bref, pratiquement une ponction sur le niveau de vie des Français moyens et modestes au profit des plus riches.
Ainsi donc, après une telle accumulation d’injustices et d’indifférence envers « les Gaulois réfractaires » (Macron dixit), comment s’étonner de l’explosion de colère spontanée dirigée vers le « Président des riches » ? Trop, c’est trop !
Et de surcroit, voilà un Président qui dit vouloir privilégier le travail, et qui alourdit les taxes pétrolières pour ceux qui sont contraints de se déplacer pour travailler.
Les Gilets jaunes manifestent en ordre dispersé à travers toute la France et au nombre total d’environ 300 000 d’après un décompte du ministère de l’Intérieur. Mais 70% des Français approuvent ou soutiennent le mouvement, et 25% (un des taux les plus bas enregistrés en faveur des chefs d’Etat successifs de la Vè République) des Français approuvent le Président de la République. Cela ne dit-il rien de la désaffection des citoyens envers la politique suivie par ce gouvernement ? Cela ne pose-t-il pas en définitive un problème de confiance générale, voire de légitimité ?
Intervenant à la télévision pour tenter de calmer le jeu et de rassurer les citoyens, le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré « avoir entendu » les manifestants, mais qu’il ne changerait pas de cap. En d’autres temps et en d’autres circonstances, un autre Premier ministre, Alain Juppé avait déclaré « rester droit dans ses bottes ». On a vu ce qui s’en est suivi.
Dans ces conditions, pourquoi venir à la télévision si c’est pour dire simplement « Rien à cirer » ?
Comment va évoluer la situation ? Un mouvement spontané, sans leaders, sans cohésion, sans programme défini, qui alors aurait la légitimité pour définir le cadre d’une éventuelle négociation, les objectifs à poursuivre et le terme du mouvement ? Mais au demeurant, y aura-t-il seulement négociation, ce gouvernement étant à ce point autiste ? Alors, gare à la colère qui pour l’instant sourd dans les tréfonds de la déception.