Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 08:30
Guerre de civilisation

Jadis, l’humaniste Georges Steiner disait que lorsqu’il écoutait une œuvre musicale, il pensait que malgré les atrocités des guerres, l’humanité était tout de même sortie de la barbarie pour aboutir enfin à la civilisation.

En effet, le cannibalisme, les ordalies, les supplices de l’Inquisition, les sacrifices humains et bien des manifestations de cet ordre ont progressivement laissé la place en bien des endroits de la planète à des règles de conduite sociétales qu’on range dans le concept de civilisation aux côtés de l’art les loisirs et les divertissements.

Mais des excités tentent ici ou là de nous ramener à l’âge de pierre en semant la terreur : actes de terrorisme, viols, décapitations filmées et exhibées sur la Toile, et tout cela au nom d’une religion. N’est-ce pas là une manifestation acharnée de la barbarie et une négation systématique de la civilisation ?

Alors, quand le premier ministre Manuel Valls affirme que nous sommes dans une guerre de civilisation, que veut-il dire d’autre ? Lui chercher querelle sur cette déclaration comme le font les « bonnes âmes », serait-ce prétendre qu’il y aurait plusieurs civilisations ? Or, l’humanité connaît plusieurs cultures, mais toutes sont englobées dans La Civilisation, et c’est contre elle que les barbares s’agitent pour tenter de nous ramener vers un âge sauvage où ne règneraient que la force et la terreur.

Oui, c’est donc bien vers une guerre de civilisation que nous entrainent les extrémistes islamistes.

Partager cet article
Repost0
21 mai 2015 4 21 /05 /mai /2015 13:23
Le droit et la force

Naguère, lorsque la droite était au pouvoir, le premier ministre faisait fi du dialogue social (M.Fillon) ou bien, bravant les manifestations, il proclamait que le gouvernement ne se faisait pas dans la rue (M.Raffarin). Dont acte dans les medias.

Aujourd’hui, un gouvernement de gauche décrète d’autorité passant outre les manifestations de rue. Les medias titrent aussitôt et l’opposition entonne : « Passage en force ».

En application rigoureuse de la Constitution, après discussion, le parlement a adopté, le gouvernement décrète. Où est la force ?

La politique se commenterait-elle au moyen de langues différentes selon la couleur de la majorité en place ? Ce qui semble autorité d’un côté serait devenu par le miracle de la terminologie coup de force de l’autre ? Mais il est vrai, la rue n’exige-t-elle pas l’enseignement de deux langues ? Visiblement, satisfaction leur est donnée par les medias. Information bilingue dira-t-on.

Partager cet article
Repost0
20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 09:36
Des projets de réforme

Les ténors de la droite montrent à nouveau le bout de l’oreille. A propos de la réforme de l’enseignement, on y reparle sans complexe d’un rétablissement de la sélection dès la troisième, sous couvert de matières à option, parmi lesquelles figurent, O surprise, la mécanique ou la cuisine. Question à 1 euro : Qui opterait « spontanément » parmi ces deux dernières matières ? Et pour se diriger ensuite vers quelle voie ? Le président de l’U.D.I. M. Lagarde ne suggère-t-il pas d’ailleurs le rétablissement de l’apprentissage dès l’âge de 14 ans ? Comme le mentionnent l’historien Claude Lelièvre « C’est à nouveau un collège considéré comme une gare de triage qui refait surface » (Le Monde 20/5/2015) ou le Professeur Watrelot président du Cercle de recherche et d’action pédagogiques « Quand je lis « diversifié » je comprends « sélection précoce » (id Le Monde).

On a même entendu au cours d’un débat télévisé un responsable de droite répliquer : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ». Voilà inconsciemment les élèves en difficulté comparés à des ânes. Aveu subliminal : pour ces penseurs distingués, tous les élèves désemparés devant des notions qui leur sont étrangères parce que absentes de leur environnement familial ou social ne peuvent être que des ânes, forcément. Et dans la foulée, pourquoi pas le rétablissement du bonnet d’âne dans les classes ?

Au total, de l’aveu de la droite, il ne s’agit pas d’offrir à tous les mêmes chances de réussite en mettant à la disposition de ceux qui en ont le moins le plus de moyens. Il s’agit ni plus ni moins que de procéder à une sélection qui serait considérée comme naturelle. Exit l’aide aux plus fragiles.

Partager cet article
Repost0
19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 17:28
L'école est malade

L’enseignement en France va mal, très mal.

Ainsi, voici ce que relève entre autres un rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale adressé au ministre de l’Éducation nationale et à la ministre déléguée chargée de la réussite éducative en Novembre 2013 et intitulé : Le traitement de la grande difficulté au cours de la scolarité obligatoire

« …

Un double constat s’impose. Nombreux, trop nombreux, sont ceux qui sont en grande difficulté avant l’entrée en sixième, c'est-à-dire ceux que l’école n’a pas su conduire, en huit ou neuf ans, aux objectifs minimaux qui lui étaient fixés ; mais encore plus nombreux sont ceux dont l’échec est constaté au terme de la scolarité obligatoire : un élève sur cinq n’a pas acquis les compétences nécessaires « pour affronter les défis de la vie adulte » et près d’un sur dix n’atteint pas le plus faible niveau défini en français et/ou en mathématiques aux évaluations internationales.

……

L’élève en grande difficulté, ou celui qui glisse vers cette situation, a besoin d’un temps qui lui soit réservé quotidiennement. L’école doit prévoir ce temps dans le prolongement de la classe. Enfin, quels que soient la nature et le volume des aides périphériques, elles doivent prendre cohérence et s’articuler dans un projet d’accompagnement personnalisé dont seul le maître peut être concepteur et porteur en lien constant avec les parents… »

Face à ce constat, le programme de réforme de l’enseignement au collège préparé par le ministère de l’éducation nationale tente d’y remédier. Et on assiste aussitôt à une levée de boucliers provenant d’horizons divers et hétéroclites où se mêlent prétextes, idéologie, et réactions corporatistes.

Certes, il faut en débattre. Mais il ne faut pas confondre débat, crispation et désinformation, mais plutôt analyser le projet, rien que le projet, mais tout le projet. Voire, avancer des contrepropositions. Or, au lieu de cela, des récriminations, des contrevérités. Et surtout, un refus catégorique et sans concession.

Mais au –delà de tout cela, qui se pose la question qui prime toutes les autres, à savoir :

Il y a incontestablement au sein de nos établissements comme le signale le rapport cité plus haut trop d’élèves en grande difficulté, et non pas parce qu ‘ils n’auraient pas acquis le niveau de compréhension requis ou parce qu’ils auraient une capacité intellectuelle limitée, mais tout simplement parce qu’ils baignent dans un environnement familial ou social totalement étranger à ce qui compose notre patrimoine culturel ou parce que leur propre parcours scolaire les en aurait privés pour une raison ou une autre. Et de fait, ce que leur propose le programme d’enseignement n’a souvent rien de commun avec leur quotidien est donc difficile d’accès immédiat. Les cours sont pour ceux-là une épreuve souvent ennuyeuse, voire douloureuse.

Alors, ces élèves, quand la cloche a sonné la fin des cours de la journée, où pourraient-ils trouver l’aide qui pourrait leur permettre de surmonter leurs difficultés ou leurs lacunes ? De façon générale, une fois leurs cours assurés, les enseignants quittent l’établissement et rentent chez eux pour se consacrer à leurs préparations et leurs corrections. Quant aux élèves en difficultés, ils sont livrés à eux-mêmes, autant dire au vide et à leur désarroi.

Comment y remédier ? Ne pourrait-on pas envisager d’organiser au sein de l’établissement et en dehors des cours une permanence assurée par des enseignants qui seraient à la disposition des élèves qui le souhaiteraient pour leur délivrer conseils et soutien ?

A ce stade de la démarche, on devine déjà l’objection majeure de la part du corps enseignant : ce surcroît de travail devrait s’accompagner d’une augmentation du traitement puisque tout travail mérite rétribution.

Or, que les enseignants en France soient mal payés n’est guère contesté, mais cela relève d’un autre débat.

Mais, franchement. Dans les 18 heures (certifiés) ou 15 heures (agrégés) hebdomadaires réglementaires que doit assurer chaque enseignant, on sait que le plus souvent il délivre chacun de ses cours à au moins deux ou parfois trois classes de niveau parallèle. Cela veut dire que si la préparation d’un cours prend un temps assez long la première fois, ensuite cela se résume à une éventuelle adaptation au niveau des autres classes parallèles, et donc réduit d’autant le temps nécessaire. Dans ces conditions, deux ou trois heures hebdomadaires après les cours destinés à l’accompagnement éventuel des élèves en difficultés, serait-ce trop demander à ceux dont la vocation est justement de garantir à chacun ses chances de construire sa vie de citoyen et de s’épanouir ?

Au demeurant, après ce qui vient d’être évoqué, cela ne représenterait pas véritablement un surcroît d’horaire ceci compensant cela. Et urtout si on considère que l’enseignement bénéficie par ailleurs au total de plus de deux mois de vacances toutes journées d’interruption de cours confondues. Voilà qui vaut bien aussi compensation.

Tel est ce qui devrait mobiliser efficacement tous ceux qui proclament leur volonté de favoriser l’émergence de citoyens accomplis.

Quant à la réforme des programmes, est-il raisonnable de déclencher une aussi virulente « bataille d’Hernani » avant même que les choses aient été fixées ?

On a l’impression d’assister au moins pour l’Histoire à ce qui a prévalu naguère lors de l’Affaire Dreyfus, pas moins.

Il y a aujourd’hui ceux qui considèrent que le rôle de l’Histoire est principalement de délivrer aux citoyens un « roman national », une sorte de construction patriotique par la représentation de héros et d’épopées dont on serait fier et grâce auxquels on resterait attaché sans conditions à sa patrie.

Et puis, face à cet attachement viscéral et sans condition à la Patrie, il y a ceux pour qui l’Histoire a pour fonction essentielle, par dessus l’acquis d’une mémoire collective, de doter les citoyens d’un esprit critique par l’examen des évènements passés au crible de la raison, de tirer des évènements passés, ombres comme lumières, des leçons pour l’avenir en s’appuyant sur les acquis nouveaux des sciences humaines. Il ne suffit pas d’ânonner après chaque catastrophe « Plus jamais ça » pour s’estimer quitte de toute action.

Dans cette bataille, on trouve le pire comme le meilleur. Et au chapitre du pire, on ne peut résister au souci de dénoncer le jeu médiocre d’un ancien président de la République singeant les humoristes dans un style vulgaire pour couvrir les ministres en poste d’insultes à peine voilées avec des mimiques crispées et des gesticulations de pantin désarticulé. Cela est indigne est ne peut que déconsidérer la politique et la démocratie. Et dire qu’il disait vouloir « faire président ».

Partager cet article
Repost0
23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 09:58
Assistanat, vous avez dit assistanat?

M. Wauquier député de droite dénonçait naguère, suivi aujourd’hui encore par certains de ses collègues, les indemnités accordées aux chômeurs comme un « assistanat, cancer de la société française ».

On devrait inviter tous ces distingués responsables à imiter ces journalistes qui se glissent incognito le temps d’une enquête approfondie dans la peau d’un chômeur pour en retenir une leçon pertinente (lire de Florence Aubenas le quai de Ouestream par exemple), eux qui cumulent de manière éhontée les mandats et parfois, plus souvent que de raison, monopolisent sans vergogne les indemnités des attachés parlementaires en employant leurs proches. M.Wauquier verrait-il là par exemple un « assistanat, cancer du parlementarisme français » ?

Ignorent-ils, douillettement protégés qu’ils sont de la précarité, que c’est pourtant la Constitution qui garantit à tout un chacun le droit à un travail, et que c’est au nom de ce droit élémentaire, qu’à défaut d’en garantir l’exercice, l’Etat dont c’est le rôle, a instauré le principe d’une indemnisation censée permettre à celui qui en est privé de tenter de survivre dans l’attente d’un nouvel emploi. Il ne s’agit pas de charité mais de solidarité, valeur hautement républicaine.

Cette déclaration témoigne de la part d’élus de la nation d’un mépris envers ceux qui souffrent et ne demandent qu’une chose : trouver un travail leur permettant de vivre et de faire vivre leurs familles dans la dignité.

On peut certes trouver parmi les chômeurs quelques fraudeurs qui profitent de la situation et se complaisent dans une oisiveté rétribuée même chichement, comme on trouve des tricheurs dans toute catégorie sociale dès qu’il leur devient possible de glaner quelques deniers ou bien plus sans trop de peine. Mais une partie justifie-t-elle l’amalgame du tout ?

Quand des dirigeants d’entreprises s ‘accordent des indemnités pharaoniques tout en liquidant ces entreprises, et il s’en trouve, M. Sarkosy les nommait des « patrons voyous », M. Wauquier se permet-il la confusion, dénonçant par exemple un patronat tricheur accaparant un pactole, « assistanat, cancer de l’industrie », mais assistanat doré ?

A travers cet amalgame sans retenue de la part de nantis, on subodore chez eux un véritable mépris de classe envers les humbles qu’ils prétendent pourtant représenter.

On retrouve là inévitablement Marie-Antoinette recommandant aux pauvres qui manquaient de pain de manger des brioches

Partager cet article
Repost0
10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 17:47
DONNANT-DONNANT

Nous vivons désormais dans un village planétaire où les personnes, les biens et surtout les entreprises peuvent circuler et déménager sans entraves.

Et les technologies modernes ont complètement bouleversé les conditions dans lesquelles se déploie l’économie désormais mondialisée, voire financiarisée. Ainsi, une entreprise qui ne réalise pas son profit ici peut s’échapper ailleurs à travers toute la planète. Et la valeur d’une entreprise, naguère mesurée en fonction de son dynamisme et de ses innovations se jauge aujourd’hui en fonction de l’appétit des autres à vouloir l’absorber, en bref, selon le nombre et le niveau de l’offre publique d’achat déployée pour l’engloutir. A cela s’ajoute la boulimie des fonds de pensions qui exigent des entreprises qu’elles garantissent un niveau de rentabilité suffisant de leurs actions pour leur assurer un revenu satisfaisant.

De même, plutôt que de miser sur sa capacité à innover et à moderniser ses modes de production pour accroître sa compétitivité et son dynamisme, ou de revoir son mode de gestion pour réduire ses coûts, l’entreprise a tendance à user de la seule variable d’ajustement qui lui semble immédiatement à portée de main, à savoir l’emploi ou les salaires. On licencie ou à défaut on baisse les salaires sous la menace de la délocalisation.

Le résultat est connu : le chômage est devenu un fléau endémique, et plutôt que de réviser leur mode de raisonnement en fonction des mutations considérables qu’a connu le monde dans lequel nous vivons désormais, nombre de nos dirigeants et de nos penseurs se sont accrochés aux vieilles lunes que sont les idéologies du siècle dernier où les économies se géraient encore dans le cadre national et baignaient dans l’euphorie des « Trente Glorieuses ».

On réagit désormais comme si le pouvoir politique pouvait encore réguler l’économie dans le cadre national alors que celle-ci se déploie à l’échelle mondiale, sans que pour autant il y ait la moindre coordination internationale en la matière, ou si peu.

C’est dans ce climat délétère que vit aujourd’hui la France.

Un constat que révèle Arnaud Parmentier dans le journal « Le Monde » du 9/4/15 :

La richesse par habitant ne croît pas, elle recule : de 0,1% en 2012, de 0,2% en 2013 et de 0,1% en 2014. Donc plus de croissance. Et ce n’est pas un problème de droite ou de gauche quoi qu’en disent les « frondeurs ». Dans ce phénomène de ralentissement, l’Etat y a amplement sa part par les dépenses publiques engagées qui dévorent une bonne part des richesses produites. Le taux de ces dépenses atteint 57,3% du PIB, record mondial après la Finlande. Même phénomène pour les impôts. Et c’est le résultat de la progression de l’Etat social qui engloutit 32% du PIB. Il était en 1990 de 25,2%. Dans le domaine social, il est donc faux de prétendre que les gouvernements successifs ont pratiqué une politique libérale, « sociale-libérale » comme le prétendent les « frondeurs » jamais en retard d’une posture.

Et aujourd’hui que les caisses sont à peu près vides, comment vouloir poursuivre dans cette course à « toujours plus » sans mettre en péril notre indépendance budgétaire ? Car, fort heureusement, les taux d’intérêt pratiqués par les marchés financiers sont au plus bas et allègent favorablement le poids de la dette publique. Mais il suffirait que ces taux se relèvent pour que la dette publique devienne véritablement insupportable.

Alors, comment sortir de ce cercle vicieux ?

Sur la question budgétaire, l’Etat doit être exemplaire et réaliser d’importantes économies qui l’orientent vers une véritable indépendance envers les marchés financiers. Cela seul permettra que désormais ce soit réellement la politique qui commande l’économie. De Gaulle disait en son temps : « La politique ne se fait pas à la Corbeille ». Autres temps autres mœurs.

Ainsi, dans le domaine de la santé par exemple, l’OCDE considère que « les dépenses publiques pourraient être diminuées significativement sans compromettre la qualité et l’égalité d’accès aux soins ».

Dans le domaine de l’économie, les entreprises stagnent, n’embauchent plus, voire débauchent. Des plans sociaux se multiplient, des délocalisations ne cessent de se déployer. Et désormais, au moins 80% des embauches quand il y en a se font sous forme de CDD. C’est la précarité comme nouvelle norme sociale. Le chômage est donc la plaie qui menace le monde du travail et le plonge dans un climat d’insécurité permanente.

Dans ces conditions, ne rien faire revient à plonger la société dans une angoisse chronique, la peur du lendemain au ventre. La jeunesse est privée de projet d’avenir. Est-ce dans un tel monde que nous voulons vivre ? Et disons le tout net, se crisper sur ce que l’on nomme avec nostalgie « les acquis sociaux », cela revient à ne rien faire, à défendre certes ceux qui ont le privilège de conserver leur emploi, et dont le nombre se rétrécit progressivement. Mais les chômeurs, ceux qui doivent se contenter de la portion congrue pour survivre indéfiniment, que leur offre-t-on comme perspective, où sont leurs droits acquis, à ceux-là ?

Alors, le gouvernement tente d’agir. Mais les marges sont étroites. Certes, l’idéal serait d’intervenir énergiquement et immédiatement sur le pouvoir d’achat. Mais outre que les entreprises ne peuvent augmenter les salaires que si elles font des bénéfices, donc vendent, cela ne ferait que déplacer le problème. La production française est défaillante et l’accroissement de la demande ne ferait que doper les importations et déséquilibrerait encore plus la balance des échanges, et donc la balance des paiements.

Il faut donc agir en primauté sur l’offre, c’est à dire la productivité et la compétitivité des entreprises. Ainsi, plus elles produiront, et plus elles investiront et embaucheront.

C’est toute la démarche du gouvernement. Le pacte national pour la croissance la compétitivité et l’emploi, ainsi que l’Accord pour le Maintien de l’Emploi vont dans ce sens. C’est du donnant-donnant. Les entreprises sont aidées financièrement, et les salariés ont la garantie de leur emploi en cas de ralentissement économique. Mais ce mécanisme ne peut produire ces effets que si tout le monde joue pleinement le jeu.

Or, comme l’a constaté le Premier Ministre, nombreuses sont encore les entreprises qui traînent les pieds. Concernant par exemple l’Accord pour le maintien de l’emploi (AME) créé en 2013, seules jusqu’à présent 10 AME ont été signés. On comprend que c’est parce que en cas d’accord, contre les contraintes imposées temporairement aux salariés, les entreprises doivent les indemniser. Mais que serait-ce du donnant-donnant si de leur côté, les salariés devaient être seuls à consentir quelques sacrifices au profit du maintien de la vie de l’entreprise et donc de ses bénéfices ? De ce point de vue, le MEDEF en veut toujours plus, et semble profiter de la conjoncture pour tenter de rogner davantage sur leurs devoirs. On voit même des patrons se doter de revenus pharaoniques tout en déclarant leur entreprise en faillite. Naguère, M.Sarkosy n’avait-il pas reconnu qu’il y avait des patrons voyous ? Ce sont ceux-là qui déconsidèrent la fonction et nourrissent la méfiance, voire l’hostilité des salariés.
Du côté des « frondeurs » et des autres idéologues, toutes ces initiatives du gouvernement sont vues comme des cadeaux faits aux patrons. La politique entreprise est qualifiée de « sociale-libérale », le terme étant employé sur le mode de l’insulte suprême, comme autrefois, du temps du communisme pur et dur, on utilisait le vocable insultant de « social-démocrate » ou plus directement de « social-traitre » étant entendu que la traitrise était perpétrée à l’encontre du peuple. Toute cette dérive verbale produite avec la certitude de détenir la Vérité, sans se rendre compte qu’en se cramponnant à ce dogmatisme rigide, on oublie ceux qui souffrent et moisissent dans l’immobilisme des nantis. Pour les frondeurs, au nom de l’orthodoxie, ne rien changer plutôt que chercher des voies nouvelles pour résoudre les difficultés de ce qui est une véritable mutation de l’économie et non pas une crise. Alors qu’une crise est conjoncturelle, la mutation est structurelle, donc durable. Il faut donc changer de mode de fonctionnement.
Les entreprises ont pour objectif réel de faire du profit, et c’est le profit qui les incite à embaucher pour en faire encore davantage. Et en cas de ralentissement, si les prélèvements sont maintenus, pour conserver un certain niveau de profit, on sait qu’elles ont tendance à trancher dans ce qui leur paraît comme le plus commode, l’emploi ou la délocalisation. C’est pour pallier cette tendance que le gouvernement de Manuel Valls a choisi d’agir en prenant les mesures rappelées plus haut. Ce ne sont nullement des cadeaux faits aux patrons mais des mesures incitatives à l’investissement et à la compétitivité, pour impulser au bout du compte la création d’emplois. A condition que les chefs d’entreprises jouent franc jeu et ne se bornent pas à utiliser les capitaux mis à disposition pour abonder leurs marges.
A monde nouveau, initiatives nouvelles. « Tout, de ce qui existait, avait été essayé » comme l’avait reconnu François Mitterrand. Donc, il reste à innover. Tout en sachant que « l’Etat ne peut pas tout » comme l’avait déclaré Lionel Jospin. Aux entreprises d’assumer pleinement leur rôle. L’Etat joue le sien.
Mais on comprend l’impatience des laissés pour compte. La gauche avait trop promis. François Hollande, tenaillé par la volonté de recueillir toutes les voix de gauche et contrecarrer le maximalisme de J.L. Melenchon d’une part, et soucieux de ne pas paraître revanchard en dressant un sombre tableau de l’héritage laissé par M.Sarkosy a tenu un discours du Bourget qui pouvait laisser penser que tout restait encore possible. Trop d’espoir est né de ce malentendu, laissant les citoyens aujourd’hui profondément déçus par la découverte de la réalité et impatients devant la lenteur des résultats à venir.
Et devant l’abattage mené par les « frondeurs » et autres idéologues absorbés dans leur souci de se positionner pour l’avenir « au cas où », certains se demandent hâtivement si gauche et droite, en définitive, ce n’est pas « bonnet blanc et blanc bonnet » comme déclarait jadis le tonitruant communiste Jacques Duclos.
Du point de vue économique, certes, la marge de manœuvre dont dispose le pouvoir politique à l’intérieur des frontières est très étroite, et on pourrait penser que la droite et la gauche ne diffèreraient que de façon très ténue. Mais sur le plan social ou sociétal ?
La droite aurait-elle adopté le projet d’indexer les allocations familiales sur le niveau des revenus des ménages ? Et surtout aurait-elle élaboré le projet de loi de santé imposant à terme le tiers payant ? Quand on sait que 25% des familles ne se soignent plus à cause des frais médicaux pour elles insupportables, allez leur dire que droite et gauche c’est blanc …etc… : C’est bien baliverne à dormir debout. Aussi, demandons-nous pourquoi des fléaux comme la tuberculose ou la galle, qu’on croyait définitivement éradiqués chez nous réapparaissent, et notamment dans les foyers les plus pauvres. Et à eux, il serait inconvenant de prétendre qu’une telle mesure n’est que broutille.
Et la gauche oserait-t-elle tenir des propos méprisants qualifiant les aides accordées aux chômeurs d’ »assistanat cancer de la société » ?
Fort heureusement, il existe encore aujourd’hui une offre d’alternance dans le monde politique, il suffit de plonger dans une sérieuse réflexion sans dogmatisme.
Partager cet article
Repost0
7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 15:16
Le F.N. et les autres

Le Front national et les autres

« A quinze jours du premier tour des élections départementales (du 22 mars 2015), le F.N. est crédité de sondages extrêmement favorables », titre Le Monde du 7/3/2015. Ou bien : « Pourquoi la gauche reste passive face au F.N. ? ». Ou encore : « Le premier ministre a appelé les intellectuels à se mobiliser contre le danger de l’extrême droite ».

Mais pour se mobiliser, encore faut-il avoir des munitions. Quelles propositions ou réponses pratiques répondant aux attentes des humbles avancent nos élites ? Leur tiennent-elles seulement un langage audible, compréhensible, qui n’émanerait pas du sabir technocratique habituel ? Nos excellences se parlent entre elles, usent d’un discours appris dans les hautes sphères de l’ « énarchie » et indigeste au commun des mortels.

Et que dire de la droite, engoncée dans sa propre guerre des chefs et incapable de proposer un programme alternatif de gouvernement ?

Journaux et observateurs de tous bords ressassent cette rengaine à chaque veille de périodes électorales, et ce, depuis belle lurette. Et rien ne vient contrecarrer ce climat sondagier.

La réalité, c’est que, certes, Marine Le Pen avance des propositions qui relèvent toutes de la prestidigitation ou de l’abracadabra propre aux bateleurs de foire, mais au moins, elle donne aux pauvres et aux laissés-pour-compte de la mondialisation le sentiment qu’elle les a entendus et qu’elle leur parle de leurs malheurs, ce qu’elle fait avec constance. Et peu leur importent par ailleurs ses positions contraires aux valeurs de la République. Et pendant ce temps, les partis dits de gouvernement se livrent, les uns à des batailles d’egos et de chefs visiblement soucieux avant tout de préserver leur rente de situation, les autres au rabâchage des vieilles lunes que la mondialisation a rendues inopérantes ou contreproductives. A un monde radicalement transformé, ils rabâchent inlassablement des solutions déconnectées du réel, cramponnés à une idéologie antédiluvienne. Tous n’ont pour souci essentiel que de préserver leur bastion, de prolonger indéfiniment leur mandat, au besoin d’en cumuler autant que faire se peut, en s’efforçant essentiellement de camper une posture qui leur donne une façade défendable.

Quant à ce qu’il reste de militants notamment des partis de gauche, ceux qui auraient dû être au plus près des tourments des humbles et des sans grades, fossilisés qu’ils sont par leur trop longue et trop exclusive fréquentation des allées du pouvoir, ils ont oublié ce pour quoi ils se sont engagés dans l’action politique pour ne plus que se prélasser dans les poisons du bien être et des délices de la « dolce vita ». Ils nagent dans « l’entre soi » et ne voient plus ce qui se délite autour d’eux dans la société.

Sinon, comment interpréter leurs récriminations à chaque tentative du gouvernement pour donner un peu d’air à ceux qui souffrent, qui n’ont pas de réseaux ou de soutiens pour les sortir du marasme ? Par exemple, que dire des pleurnicheries des nantis quand il est question d’indexer les allocations familiales aux revenus des ménages, ou encore s’il est question d’instaurer le tiers payant en médecine pour favoriser l’accès aux soins pour les pauvres qui fuient par manque de ressources le cabinet du médecin ? « Qu’ils aillent à l’hôpital » entend-on ici ou là. Est-ce cela une réponse de gauche ? Autrement dit, une médecine de riche qui assurerait aux nantis le droit à un médecin de famille, et pour les autres, l’attente interminable aux urgences des hôpitaux dont le rôle serait ainsi dévoyé ? Qu’on se souvienne de la réponse de la reine Marie-Antoinette à ceux qui lui rapportaient que les pauvres n’avaient plus de pain : « Qu’ils mangent donc de la brioche » répondait-elle, tellement proche était-elle des miséreux. On sait ce qu’il en est résulté. A trop laisser se creuser le fossé qui sépare les gans d’en haut des gens d’en bas, les premiers risquent de sombrer corps et âme dans le gouffre qu’ils auront laisser croître au plus grand profit du populisme habilement cultivé par Marine le Pen.. Il faut leur rappeler inlassablement qu’il y a peu du Capitole à la Roche Tarpéienne.

Partager cet article
Repost0
20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 16:54
de la posture en politique

Des députés socialistes dits frondeurs ont violemment critiqué le projet de loi Macron en séance, allant jusqu’à laisser planer la menace d’un vote contre, mais en fin de compte n’ont pas osé franchir le Rubicon et voter la motion de censure déposée par la droite en réponse au recours du gouvernement à l’article 49-3 de la Constitution (dépôt d’une question de confiance faisant dépendre le projet de loi du vote d’une éventuelle motion de censure).

Les députés Europe-Ecologie-Les Verts qui continuent de prétendre appartenir à la majorité tout en l’attaquant systématiquement ont adopté le même étrange profil. Le courage politique n’est pas forcément une constante dans cette enceinte parlementaire. Des fois qu’un accident imprévisible les renverrait devant les électeurs ...

Quant au Parti Communiste, il continue de se proclamer de gauche mais a choisi de mêler certaines de ses maigres voix à celles de la droite.

Et la droite ? Ah ! la Droite. Le projet de loi Macron a repris dans ses grandes lignes les propositions qu’avait faites Jacques Attali à M. Sarkosy quand celui-ci était président de la République. Et certains députés de la Droite et de l’UDI avaient même déclaré qu’ils voteraient la loi. Mais posture et sectarisme politicien obligent, tous comme un seul homme ont voté la motion de censure déposée par leur camp. Autrement dit, ils ont rejeté un projet de loi qu’ils auraient déposé et adopté s’ils avaient été au pouvoir. Et surtout, ils manifestent qu’ils veulent renverser le gouvernement et donc accéder au pouvoir, tout en étant dépourvus de tout programme alternatif.

Devant une telle palinodie, comprenne qui pourra. Et surtout, que ces éminences cessent de prendre comme à l’accoutumé leur air le plus contrit pour déplorer le taux d’abstention progressant à chaque élection.

Les citoyens sont de moins en moins dupes des grandes envolées lyriques des candidats aux confortables et gratifiants sièges électoraux, ainsi qu’à leur proclamation de parfait dévouement à la cause publique.

Partager cet article
Repost0
18 février 2015 3 18 /02 /février /2015 09:08
Où va Israel?

M. Benyamin Netanyahou, premier ministre d’Israel ne manque aucune occasion pour inciter vivement les Juifs du monde entier à émigrer vers Israel, comme il l’a fait lors des attentats de Paris en janvier 2015, et de nouveau après celui de Copenhague. Il cherche visiblement à accréditer l’idée que le judaïsme ne serait pas qu’une religion et une culture mais fonderait bien originellement une nation. Il faut donc lui rappeler quelques réalités élémentaires.

Historiquement, l’Etat d’Israel est né d’une conquête de terres en Palestine par des immigrants juifs venus essentiellement de l’Europe centrale et orientale, et qui ont fui les pogroms du XIXè siècle dans leurs pays respectifs, puis le génocide du XXè siècle perpétré par l’Allemagne nazie, toutes ces horreurs pratiquées dans une indifférence totale des autorités ou des populations autochtones. On peut y ajouter des vagues de Juifs d’Europe occidentale consécutives à l’affaire Dreyfus.

Cela répond également au mouvement sioniste, idéologie née au XIXè siècle et théorisée par Theodor Herz, et qui prônait la venue des Juifs sur la terre d’Israel (Eretz) correspondant à la Palestine sous domination ottomane, puis placée sous mandat britannique après la première guerre mondiale. Cette idéologie se fonde sur les principes qui posent d’une part que la Palestine leur a été initialement léguée par Moïse inspiré par Dieu, et d’autre part que tous les Juifs descendent des Hébreux de l’Exode tel que le rapporte la Bible, et donc seraient fondés à retourner dans cette terre. C’est ainsi que se construit un « roman national ». L’historien israélien Shlomo Sand a titré un de ses livres : « Comment le peuple juif fut inventé » (Editions Flammarion).

Mais objectivement, à l’origine donc, l’Etat d’Israel a été peuplé d’Européens de confession juive.

Deux interrogations :

Première question : La Bible est-elle un document historique au sens scientifique du terme ?

Deuxième question : Se peut-il qu’au travers de deux millénaires, en admettant que l’Exode biblique ait eu lieu dans les termes rapportés, un peuple évalué à l’origine à plus du million d’individus ait pu conserver sa parfaite homogénéité, tout métissage étant exclu ? Ainsi, depuis les temps bibliques, les Hébreux et leurs descendants auraient donc pratiqué une parfaite et constante endogamie ?

Au demeurant, cet historien israelien conteste qu’à une époque aussi sommairement pourvue en moyens de transport massifs et sophistiqués, une population aussi nombreuse que le rapporte la Bible ait pu sortir d’Egypte aussi aisément. Il suffit d’observer les difficultés considérables qu’une administration d’aujourd’hui éprouve pour évacuer et héberger quelques milliers de personnes lors d’un séisme ou d’une quelconque catastrophe naturelle.

En outre, il affirme qu’au cours des siècles, des conversions au judaïsme ont été largement pratiquées à travers tout le Moyen Orient, et dont descendraient aujourd’hui bien des populations de confession juive dans le monde.

Cela étant, dès son auto-proclamation en 1948, l’Etat d’Israel a été officiellement reconnu par l’ensemble des Etats du monde au sein de l’ONU et il n’est nullement question de lui dénier désormais sa légitimité. Son existence n’est donc pas le problème. Ou alors, il faudrait remettre en question aussi des Etats tels que les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle Zélande ou encore bien d’autres états nés jadis d’une colonisation de peuplement.

Ce qui pose problème est l’obstination des gouvernements successifs de l’Etat d’Israel à poursuivre son extension par confiscation de terres palestiniennes après les guerres successives qui l’ont opposé, d’abord à la résistance palestinienne, puis aux pays arabes voisins hostiles à Israel dès sa création, de même que la poursuite en toute illégalité des colonisations en territoires occupés vis-à-vis des conventions internationales et des répétitives résolutions du Conseil de sécurité de l’O.N.U. Cette politique israélienne de colonisation est inhumaine et fortement contestable. Elle transforme la Cisjordanie en une véritable peau de léopard et rend de plus en plus problématique, voire désormais impossible la création d’un état palestinien viable. Une telle politique ne peut qu’alimenter le terrorisme qu’encouragent les extrémistes. Et les punitions collectives que pratique aveuglément l’armée israélienne contre les Palestiniens ne font qu’accroître le sentiment de révolte des populations meurtries qui en paient un prix exorbitant et injuste.

On comprend aisément qu’ Israel songe à garantir sa propre sécurité territoriale. Mais sa politique de conquête au-delà de ses propres frontières ne fait qu’alimenter la propagande menée par les extrémistes du Hamas ou du Hezbollah auprès des réfugiés palestiniens privés de tout espoir de pouvoir un jour vivre et prospérer dans leur propre patrie. Plutôt que la poursuite d’un projet de Grand Israel au détriment des Palestiniens, seules des négociations sans arrière-pensées pourraient aboutir à un climat garantissant une existence pacifique entre les pays voisins que sont Israel, la Jordanie , l’Egypte, la Syrie et le Liban.

Partager cet article
Repost0
14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 13:11
Qui a peur de Houellebecq?

Dans son dernier roman « Soumission »,Michel Houellebecq imagine la victoire d’un candidat musulman au second tour de l’élection présidentielle de 2022, facilitée par un accord électoral avec la gauche et la droite pour faire barrage au Front National, et les arrangements ou accommodements qui s’en suivent, largement acceptés par les élites intellectuelles. Tout au long du roman, on assiste à une lente et progressive mutation de ces élites, animées les unes par un réel appétit de notoriété ou de pouvoir, les autres par un renoncement ou une indifférence totale à tout ce qui les animait naguère, bref à leur patrimoine intellectuel et culturel.

Et dès la publication de ce roman, la cohorte des clercs de crier à l’imposture ou à l’islamophobie, accusant Houellebecq de tous les vices rédactionnels.

Et pourtant, à bien observer les péripéties de l’Histoire, comment se sont comportés bien des intellectuels tout au long des évènements qui ont marqué le siècle dernier ? Les mêmes qui ont d’abord été marxistes trotskistes ou staliniens se sont retrouvés avec la même fougue maoïstes, castristes ou guévaristes, puis libertaires et enfin libéraux sans la moindre autocritique, et en brûlant ce qu’ils avaient adoré jadis.

Et comme le suggère Houellebecq, on peut faire confiance à tout ce beau monde pour s’en trouver, si sa fiction se réalisait, qui se convertirait sans la moindre retenue à la nouvelle idéologie dominante. Et c’est cette mollesse d’esprit qu’a voulu dénoncer l’écrivain saisi d’un profond pessimisme pas forcément gratuit. Son roman ne relève donc pas que du fantasme.

Au demeurant qu’observe-t-on aujourd’hui ? On apprend qu’un parti musulman, l’Union des démocrates musulmans de France, (UDMF) envisage de présenter des candidats portant cette dénomination aux élections départementales de mars 2015. Ainsi à Bobigny, mais aussi à Marseille, Nice, Strasbourg, ou dans la banlieue lyonnaise.. Et ce parti compare son entreprise à celle de Christine Boutin et son parti démocrate-chrétien.

Or, jamais que l’on sache, Christine Boutin n’a prétendu prôner le retour au crucifix et à l’enseignement du catéchisme dans les écoles, ni le port de la cornette par les religieuses et la soutane par les prêtres.

L’UDMF souhaite quant à lui et entre autres, l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, le vote des étrangers aux élections locales, l’autorisation du port du voile à l’école, l’enseignement de l’arabe ainsi que de certains «épisodes tragiques de l’histoire de France comme la guerre d’Algérie ou la colonisation » qui seraient prétend-il passés sous silence dans les programmes scolaires. Et il affirme vouloir faire de la France un des leaders mondiaux du marché de la viande hallal. Il entend promouvoir la finance islamique, conçue comme une alternative «éthique» à la finance traditionnelle (sic). On le constate : Tout un programme, mais qui n’entre d’aucune façon dans le cadre de notre esprit républicain.

De même, déclare-t-il, « Notre ambition est d’être au rendez-vous en 2017 »

Certes, il affiche le qualificatif de « démocrates ». Mais en s’affichant musulman, il enfreint la règle pourtant intangible de l’unicité de la République qui ne reconnaît aucune profession de foi religieuse dans ses proclamations. Non seulement elle est une, mais elle est aussi indivisible et laïque. Il n’y a en France que des citoyens dont les croyances et les pratiques spécifiques sont du domaine privé.

Et on ne se présente aux suffrages de ses concitoyens que sous la seule étiquette politique républicaine. Il n’y a aucune concession ni aucune tolérance à admettre de ce point de vue. Toute faiblesse manifestée à cet égard ne peut qu’ouvrir la brèche à d’autres entorses au principe républicain.

Quant à la question de l’Islam, elle est à placer sur le même plan que celle des autres confessions. Et il n’y a pas à jauger s’il s’agit d’un Islam modéré ou extrémiste. Il est compatible avec les principes de la République et de la démocratie ou il ne l’est pas. Un point, c’est tout.

Il suffit de porter le regard vers d’autres contrées ou sévit un Islam dit « modéré » pour se rendre compte que cela peut vouloir comprendre tout et son contraire. En Turquie, le Président Erdogan est un islamiste modéré, nous dit-on. Or, progressivement, la Turquie sous sa férule tend à s’éloigner progressivement de la Turquie laïque et moderne qu’avait instaurée Mustapha Kemal Attaturk et à replonger dans un pays sanglé dans un mode de vie rétrograde marqué du sceau des interdits religieux.

Non au retour du religieux dans l’espace public, non aux partis confessionnels, non à tout communautarisme en France. Les musulmans doivent savoir que la République a connu des heures douloureuses au XIXè siècle pour enfin obtenir du monde catholique son ralliement au régime républicain à la suite de l’encyclique « Au milieu des sollicitudes » prononcée par le pape de l’époque Léon XIII. Et ce n’est ni l’Islam, ni tout autre confession qui nous fera régresser vers on ne sait quel rigorisme religieux.

Il importe que les partis politiques se saisissent de ce combat pour l’affirmation de l’esprit républicain et ne l’abandonnent pas au seul Front National qui ne manquerait pas alors de se présenter comme le seul rempart contre les attaques dont serait victime notre République.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de roger.rossi.over-blog.com
  • : questions d'actualité. Evènements vécus.
  • Contact

Recherche

Liens