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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 13:39
Réformer

Parce que la gauche française, et particulièrement le parti socialiste, notamment dans sa frange la plus radicale, vit sous les totems de l’élan révolutionnaire de 1789 et de la lutte des classes, et craint de s’en voir déposséder à sa gauche, notamment par le parti communiste jusqu’à la chute du mur de Berlin, et désormais par l’extrême gauche, elle se cramponne en économie à des dogmes marxistes que la mondialisation et les nouvelles technologies ont rendus obsolètes. Tous jouent à « Plus à gauche que moi, tu meurs ». Ce faisant, elle manque son aggiornamento qui lui permettrait d’entrer de plain-pied dans le monde moderne. Car, le monde a considérablement changé, les Trente Glorieuses sont dernière nous, l’Etat n’a plus les moyens de jouer la Providence et nous assistons à une véritable guerre économique mondiale où les entreprises les moins compétitives sont condamnées à disparaître ou à se délocaliser.

Dans ce contexte, il est difficile pour un gouvernement, et notamment pour un gouvernement de gauche de s’appuyer sur une majorité solide pour entreprendre les réformes de structures qui s’imposent. Or, elles s’imposent si l’on veut que l’Etat allège le poids des prélèvements obligatoires sur les ménages et les entreprises et se dégage de l’emprise des marchés financiers. Ces prélèvements rapportés au P.I.B. en représentaient en 2012 45,3%.[1] Et malgré tout, cela ne résout aucunement le problème de l’endettement du pays.

Il faut savoir qu’en 2013, la dette publique de la France, (1875 milliards €) atteignait les 95% du P.I.B. [2] La seule charge du paiement des intérêts de la dette (47 milliards €) dépassait le budget de l’Education Nationale (45,7 milliards)[3]

En France, les dépenses publiques atteignent 57,1% du P.I.B., soit plus de 10 points au dessus de la moyenne des autres pays de la zone euro.[4]

Lestée de ces handicaps, la France s’affaiblit et se déclasse. Son industrie se délite par pans entiers et elle est sous la dépendance des marchés financiers. Par chance si l’on peut encore utiliser ce vocable, les taux pratiqués par ces derniers sont actuellement au plus bas.

Et malgré tout cela, les apprentis sorciers que sont l’extrême gauche, les « frondeurs » et l’extrême droite feignent de penser que tout est encore possible comme si nous vivions encore à l’intérieur de frontières protectrices sous le rythme des Trente Glorieuses et qu’on pouvait distribuer sans compter avant de produire des richesses, ressassant sans répit les vieilles recettes.

Au Parlement, leurs représentants adoptent des postures de blocage. On vient de voir lors du vote de la loi sur le travail dite loi El Khomry comment ils ont tenté de gripper la machine parlementaire en déposant plus de 5000 amendements, poussant l’exécutif à utiliser l’articla 49-3 pour sortir du piège. Et eux de pousser alors des cris d’orfraie en prétextant dénoncer un passage en force.

Or, l’article 49-3 existe bien dans la Constitution, et il a été prévu justement pour permettre au gouvernement de se dégager éventuellement d’une manœuvre de blocage. Michel Rocard l’a utilisé maintes fois en son temps (28 fois), mais avant lui Maurois et Beregovoy, la droite aussi (Balladur, Raffarin). Si une telle prérogative semble s’apparenter à un quelconque autoritarisme pour certains, il faut militer pour son abrogation. Mais pour l’heure, c’est une pratique constitutionnelle, elle doit faire partie intégrante de l’exercice gouvernemental sans qu’il faille s’en alarmer faussement.

Au demeurant, en réponse à cette prérogative gouvernementale, la Constitution reconnaît aux opposants le droit de déposer une motion de censure. Si le conflit débouche sur une dissolution de l’Assemblée Nationale, c’est le peuple qui est appelé à trancher. Tout cela est parfaitement démocratique. Toutes les autres arguties ne sont que postures. Et les frondeurs ou leurs partisans qui menacent de voter la motion de censure de la droite ou d’en déposer une de leur propre initiative ne font que jouer une triste comédie, assurés en bons comptables qu’ils sont de ne pas déboucher sur un vote positif. Et le risque même aléatoire de dissolution est pour eux un salutaire rappel à la raison.

Le moment est peut-être venu pour tous ceux qui se reconnaissent dans une certaine vision progressiste, disons de gauche, de la société de se définir par rapport au monde actuel et au fonctionnement de son économie et de son modèle social, compte tenu des profonds bouleversements survenus depuis plusieurs décennies. A monde nouveau, forcément des règles nouvelles. D’autres à travers le monde ont fait leur révision. Tony Blair au Royaume Uni n’avait-il pas déclaré qu’ » il n’y a pas des solutions de gauche ou des solutions de droite, mais des solutions qui marchent et des solutions qui ne marchent pas » ? Et Deng Xioa Ping en Chine pourtant communiste affirmait « Peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il rapporte des souris ». Sage pragmatisme.

[1] Hubert Vedrine : « La France au défi » Ed. Fayard

[2] Id

[3] Id

[4] Id

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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 15:08
Boycott

Alors que dans « Marianne » du 29/4 au 5/5 2016, Jack Dion rappelle judicieusement que « Caroline Fourest avait été … suspectée d’islamophobie, accusation rituelle pour qui ne succombe pas aux charmes intellectuels (de Tarik Ramadan) », dans le même numéro, Martine Gozlan nous fait le même coup s’agissant d’Israel, affirmant que « la cause palestinienne est devenue depuis bien des années le prête-nom et l’exutoire de passions douteuses en quête de respectabilité » (page 48 : Ce que cache le boycott d’Israel). On a compris que ce prête-nom (sic) a un vrai nom sous-entendu : antisémitisme. Voilà une fois de plus l’accusation-choc lancée pour intimider quiconque voudrait dénoncer la politique annexionniste du gouvernement israélien envers la Cisjordanie et son mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Cela porte un nom : terrorisme intellectuel. Il convient par intimidation de museler la critique.

Etait-ce un « exécutoire de passions douteuses », lorsque jadis on prônait le boycott de l’Espagne franquiste, de la Grêce des colonels ou naguère celui de l’Afrique du Sud ségrégationniste ? On pourrait combattre les dérives de n’importe quel gouvernement, excepté celui d’Israel ? Du coup, voilà bien un antisémitisme à rebours.

Boycott
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11 mars 2016 5 11 /03 /mars /2016 17:24
Antisémitisme/Antisionisme

Il y a l’antisémitisme et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël.” a déclaré le Premier ministre Manuel Valls lors du dîner du Crif lundi 7 mars devant plus de 700 invités réunis à l’hôtel Pullman-Montparnasse, à Paris.

Eh bien non, Monsieur le Premier ministre, l’antisionisme n’est pas automatiquement assimilable à l’antisémitisme, même si d’aucuns cachent leur haine du juif derrière ce sentiment.

L’antisionisme chez certains pourrait être assimilé à de l’anticolonialisme. Car, objectivement, on peut considérer la création de l’Etat d’Israël comme une entreprise de colonisation de Juifs européens en Palestine, comme l’ont été les créations d’états tels que les Etats-Unis d’Amérique, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou d’autres états d’Afrique ou d’Océanie, à l’origine colonies de peuplement. Certes, Israël tire sa légitimité de sa reconnaissance dès son origine par l’ensemble des membres de l’O.N.U. Mais considérer que sa naissance est d’origine coloniale n’a rien en soi d’antisémite. Et pour certains, leur anticolonialisme peut les conduire à manifester dans ce sens un certain antisionisme. On peut estimer cela comme une outrance. Mais que les Israéliens aient éprouvé la nécessité de fonder leur roman national sur un texte biblique n’obère en rien ce constat. Des historiens israéliens comme Shlomo Sand [1]par exemple l’ont bien démontré, et il n’y a rien là d’antisémite, ni même seulement de l’hostilité.

[1] Shlomo Sand, « Comment le peuple juif fut inventé ». Collection Champs essais n° 949.

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 12:36
Que cherche Charlie Hebdo?

Que veut dénoncer Charlie Hebdo ?

Le caractère criminel de Daesh tapi sous le masque de l’Islam ? Il a raison et en cela nous sommes tous Charlie. Mais alors pourquoi avoir représenté Allah (ou Mahomet) sous les traits d’un Dieu unique, englobant ainsi le Dieu des Chrétiens et celui des Juifs ? A décripter cette caricature, il semble qu’on devrait comprendre que c’est le Dieu de toutes les religions qui porterait la responsabilité de la période sanglante que l’on a vécue.

Certes, toutes les religions ont eu leur heure de « gloire » macabre. Il suffit de rappeler par exemple pour ce qui concerne le Christianisme le funeste épisode du massacre de la Saint-Barthélémy ou le Franquisme qui ont accompli leurs basses œuvres au nom de la religion. « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » aurait dit Arnaud Amaury, archevêque de Narbonne (XIIIè s.) lors de la croisade des Albigeois.

Mais depuis, on a connu au sein de ces chapelles de salubres aggiornamentos les replaçant dans le courant humaniste.

Il s’agit ici et maintenant de régler le compte des islamistes qui instrumentalisent l’Islam pour s’assurer l’adhésion du plus grand nombre à leurs crimes. Alors, pourquoi avoir embarqué dans ce qui est une juste condamnation toutes les religions ? On sait que Charlie Hebdo cultive habituellement un certain esprit anti-religieux, mais pour l’heure était-ce bien le sujet ?

A vouloir tout mélanger, et en cette période troublée qui fait planer une certaine crainte, on pourrait penser que Charlie Hebdo a cherché à se préserver d’avance de l’accusation d’islamophobie que voudraient manier tous ceux qui cherchent à museler les voix qui s’élèvent contre le fascisme vert qu’est l’islamisme. Mais cela reviendrait alors à consacrer la victoire de l’islamisme qui manie l’intimidation et la terreur.

Ne cédons pas à une certaine forme d’auto-censure qui dénaturerait la lutte contre tout ce qu’on voudrait légitimement dénoncer et combattre.

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 12:41
L'Economie aujourd'hui

La « gauche d’opposition » continue de tenir un discours bien dogmatique, qu’on pouvait encore considérer comme valide à l’intérieur de frontières nationales bien définies et à une époque où les Etats maitrisaient encore assez bien leur économie nationale. Les gouvernements de gauche pouvaient pratiquer une politique sociale qui respectait leur idéal et où laisser filer le déficit budgétaire était compensé par une fiscalité relativement bien contrôlée et une activité économique prospère.

Mais tant que l’on n’aura pas admis que ici et maintenant:

- La production française est aujourd’hui anémiée, son industrie moribonde, et donc se contenter de redistribuer (quoi d’ailleurs, les caisses sont vides) sans récolter ne fait que déséquilibrer davantage la balance des paiements, et par conséquent le déficit budgétaire. La consommation en France se nourrit des importations.

- Les entreprises n’embauchent que si leurs carnets de commandes se remplissent, et donc que si elles sont compétitives dans un monde désormais globalisé. Les pouvoirs publics ont donc raison de tout faire afin que les entreprises se développent, produisent et vendent. On ne peut continuellement ânonner que le gouvernement « fait des cadeaux aux patrons » quand il s’agit de faire en sorte que les entreprises puissent prospérer et se mesurer à armes égales avec les entreprises du monde entier. C’est une « guerre économique ». Bernard Maris le proclamait déjà dans tous les débats auxquels il participait. Certes, il y a des chefs d’entreprises qui ne jouent pas le jeu. A charge pour les gouvernants de trouver les moyens d’obtenir le donnant-donnant. Est-ce parce que des chefs d’entreprises agissent en prédateurs, il faudrait considérer le monde de l’entreprise comme un repaire de charognards et brider l’ensemble du système ?

Ou alors, j’aurais à moi tout seul trouvé la solution au problème corse par exemple: Ainsi, puisqu’il y a en Corse des assassins de préfets ou des mafieux plastiqueurs, il faut mettre tous les Corses sous les verrous. La Corse deviendrait ainsi le paradis sur terre. Ineptie !

En tout état de cause, il faut bien comprendre que le monde a considérablement changé et que les règles qui s’appliquaient durant les Trente Glorieuses sont désormais obsolètes. Nous ne vivons pas une crise dont il s’agit d’attendre qu’elle se résorbe, nous subissons une profonde mutation et on ne reviendra plus en arrière. Seuls les pays qui l’ont admis s’en sortent. Certes, la société ne vit plus dans la pleine sécurité et le progrès social continu. L’emploi continu et assuré n’est plus la norme hélas. Mais on n’a pas encore trouvé de solution de remplacement à l’économie de marché, sinon ça se saurait, les sociétés ne sont pas masos.

Alors, il faut s’adapter tout en cherchant les moyens de protéger les plus faibles. Et ce n’est pas en s’obstinant à marteler les dogmes anciens qu’on les sauvera. Est-ce que les syndicats par exemple en s’arcboutant sur les règles actuelles du marché du travail oeuvrent efficacement pour défendre les chômeurs ? Le chômage de masse devenu en France un mal endémique ne mériterait-il pas une révolution culturelle ou intellectuelle que seule la CFDT semble amorcer ? Défendre becs et ongles les droits acquis dans un climat de chômage de masse sans que les chômeurs en soient les véritables bénéficiaires tourne à la schizophrénie.

Nos responsables politiques et syndicaux savent tout ça. Mais ils continuent de vivre accrochés à des totems et des tabous, de prendre la posture, soucieux surtout de préserver leurs chances de durer, de rester dans « la carrière ».

Et les citoyens ne sont pas naïfs. Ils saisissent tout cela. Et ils votent à leur manière avec leurs pieds. C’est à dire que plutôt que de se chausser pour aller voter, ils restent chez eux en tarentaises, les pieds bien au chaud. Quant à ceux qui ont encore une conscience de citoyen, ils traduisent leur écœurement en un vote protestataire dont les seuls bénéficiaires sont les extrémistes qui promettent la lune et les ya-qu’à qui vont avec.

Il me vient une réflexion sur une époque révolue mais qui rappelle bien d’une certaine manière la nôtre.

A la libération, Mendès-France ministre de l’économie du Gouvernement provisoire du Gal de Gaulle proposait que malgré la paix revenue, l’économie française étant encore chancelante, il conviendrait de maintenir encore le régime du rationnement pour éviter un trop fort endettement envers les Etats-Unis. Le Gal de gaulle soutenu par Jules Moch pensait que les Français avaient assez souffert et qu’il ne fallait pas leur infliger davantage un régime d’austérité. On supprima le rationnement, Mendès-France démissionna, l’endettement de la France prit de l’embonpoint, et durant tout le reste de la IVè République, à chaque nouveau gouvernement, le premier soin du président du Conseil fut de se rendre aux Etats-Unis soi disant en visite protocolaire, en fait pour s’informer des exigences de Washington.

Autre épisode : en 1956, Mendès-France condamna énergiquement l’expédition de Suez entreprise par Guy Mollet et les anglo-israéliens pour punir Nasser d’avoir nationalisé le Canal de Suez. Aussitôt l’opinion publique dopée par la Droite l’accusa de vouloir défendre les intérêts boursiers de sa femme Lily qui était d’origine égyptienne. On ne l’avait pas accusé de « banquier », c’eut été faux et pas encore de mode.

Au vu de tout cela, quel sort les distingués frondeurs d’aujourd’hui auraient-ils réservé à Mendès-France ?

O tempora, O mores !

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 13:29
L'Islam aujourd'hui

L’Occident a connu ses propres heures sombres : Les croisades (en Orient et en Albigeois), l’Inquisition (le christianisme a eu lui aussi ses ayatollahs : Torquemada, Savonarole), l’ordalie, le servage, et plus près de nous le nazisme, le fascisme et le stalinisme. Ainsi par exemple, la France a d’abord connu ses « hauts faits » tels que :

Le chevalier de La Barre, était un jeune noble français condamné en 1766 à l’âge de 21 ans par le tribunal d'Abbeville, puis par la Grand-Chambre du Parlement de Paris, à être décapité et ensuite brûlé, après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire (c’est à dire à la torture) pour blasphème et sacrilège. (Il avait entonné des chants grivois au passage d’une procession) Une sentence qui sera exécutée.

Robert François Damiens, né en 1715, est mort en 1757 à Paris, condamné à subir l’écartèlement pour avoir tenté d’agresser le roi Louis XV, (un supplice utilisé pour donner la mort par la séparation simultanée des quatre membres du tronc du corps humain, ces membres étant attachés à des chevaux lancés dans des directions opposées). Il reprochait au roi de se désintéresser du sort des pauvres et de ceux qui souffrent et voulait le rappeler à l’ordre.

L'ordalie était une forme de procédure en justice d'origine religieuse, aussi appelée jugement de Dieu. Elle consistait à soumettre les plaidants à une épreuve dont l'issue, déterminée par Dieu, désignait la personne innocente.

Au Moyen Âge, existaient de nombreuses épreuves par les éléments :

  • l'ordalie par le fer rouge consistait à porter une barre de fer rougie sur neuf pas (ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc). La main était par la suite bandée dans un sac de cuir scellé par le juge. Pour savoir si l'accusé était coupable ou innocent, on regardait trois jours plus tard l'évolution de la plaie. Si la plaie était « belle », donc bien cicatrisée, cela prouvait l'innocence. Une vilaine plaie prouvait la culpabilité, la sentence étant proportionnelle à son état. C'est de cette pratique que viendrait l'expression « mettre sa main au feu» lorsqu'on est sûr de son fait.
  • l'ordalie par l'eau bouillante, variante de celle de l'épreuve du fer rouge. L'accusé devait plonger son bras dans un chaudron bouillant, et ramener le caillou (ou plus souvent l'anneau béni) qui s'y trouvait. Une fois de plus, on bandait le bras brûlé et on vérifiait l'état de la plaie quelques jours plus tard ;
  • l'ordalie par le feu. L'accusé devait traverser deux bûchers entrecroisés sans se brûler, afin de prouver son innocence ;
  • l'ordalie par l'eau froide. L'accusé (épreuve souvent appliquée aux sorcières) était plongé dans une eau froide bénite (souvent une rivière). S'il coulait c'est qu'il était « reçu » par l'eau bénite et donc était innocent, si le corps flottait cela prouvait sa culpabilité. Montesquieu rapporte que la plupart des femmes accusées de sorcellerie étaient âgées, frêles, voire squelettiques car vivant en marge de la société. Elles avaient donc tendance à flotter.
  • l’ordalie du fromage et du pain. On gavait l’accusé de fromage et de pain. S’il n’arrivait pas à avaler, s’étouffant, il était coupable, d’où l’expression « rester en travers de la gorge ». Le fromage peut être remplacé par l’hostie.

Mais il y eut aussi les Lumières, la Révolution Française qui a retiré au Roi tout puissant la souveraineté pour la rendre au peuple, l’abolition de la peine de mort, les droits de l’Homme et du Citoyen, repris par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen. Le christianisme lui-même a fait son aggiornamento. Les Saintes Ecritures, énoncées en des temps très anciens, imprégnées de l’esprit du temps, ne pouvaient pas être reprises au pied de la lettre. Un sain toilettage a donc été judicieusement entrepris. Certes, il demeure des irréductibles attachés à ce qui pour eux reste un document immuable, respecté à la virgule près. Le créationnisme et l’intégrisme existent en Occident. Mais cela reste une scorie. Et le courant humaniste est repris par la majorité de la planète. Les spiritualités de l’Orient elles aussi sont imprégnées d’humanisme.

Reste l’Islam, arrimé à son rigorisme ouvert à tous les intégrismes. Un texte énoncé au VIIè siècle de notre ère reste encore pour certains d’actualité, même si le monde a connu depuis de spectaculaires mutations.

Pour expliquer cet immobilisme, au moins deux verrous.

Le Coran est pour les Musulmans un « incréé », entendre, rigoureusement la parole de Dieu à laquelle le prophète n’a fait que prêter sa voix. Parole donc inscrite dans le marbre. En dévier serait pour certains une hérésie, voire un apostat.

Ensuite, il n’y a pas en Islam de hiérarchie dont la fonction serait de dire le dogme (au moins chez les sunnites). Est interprète de la parole divine qui veut. Pas de clergé, pas de directive. Quiconque peut s’ériger en guide de la foi. Et les intégristes ne s’en privent pas.

Voilà donc le terreau sur lequel prospère l’islamisme radical dont l’objectif est en fait de nature idéologique et non religieuse. La religion est l’habillage dont les intégristes parent leur fascisme qui tend à contrôler tout le champ vital de l’individu de la naissance à la mort. Le califat serait régi par la règle coranique littéralement appliquée. Flagellation, lapidation, décapitation sont l’arsenal courant de la prétendue justice islamiste du XXIè siècle.

Mais on pourrait légitimement interroger les intellectuels de culture musulmane. N’ont-ils pas la culture et la compétence propices à une relecture des textes coraniques à la lumière des mutations que connaît le monde d’aujourd’hui ? Eux d’abord, auraient la légitimité pour renvoyer les illusionnistes à leurs fantasmes et à leur falsification.

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 13:42
la barbarie

Rappel des faits liés au courant islamiste radical.

La société secrète des Frères musulmans (FM) ( littéralement Association des Frères musulmans) a été fondée en 1928 par Hassan-el-Bana à Ismaïlia en l'Egypte. Elle comprend essentiellement un appareil militaire à laquelle s’ajoute une organisation à caractère apparemment social, mais dont l'objectif réel est la restauration du califat islamique et la lutte contre l’influence occidentale. Cette organisation est considérée comme organisationterroriste par le gouvernement égyptien, mais aussi par la Russie, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis

Le Front islamique du salut (FIS) est né en février 1989. C'était une formation politique algérienne militant pour la création d'un Etat Islamique Elle fut dissoute en mars 1992 par le tribunal administratif d'Alger

Le mardi 11 septembre 2001 deux avions kiidnappés en plein vol par des kamikases islamistes sont projetés sur les tours jumelles du World Trade Center (WTC) à Manhattan (New York)t un troisième sur le Pentagone siège du Département de la Défense à Washington DC

L'attentat du RER B à Saint-Michel perpétré par des islamistes est un attentat meurtrier ui s'est déroulé le 25 juillet 1995

La prise d'otages du vol Air France reliant Alger à Paris par quatre membres du Groupe Islamique Armé (GIA) infiltrés parmi les passagers s’est déroulé du 24 au26 décembre 1994

Les attentats du 13 novembre 2015 en France, revendiqués par l'organisation terroriste Etat Islamiste ont une série de fusillades et d'attaques-suicides meurtrières perpétrées dans la soirée enIle-de-France par trois commandos distincts.

Au 20 novembre 2015 le bilan total des victimes fait état de 130 morts et de 351 blessés

Rappel des interventions armées des coalitions occidentales au Moyen Orient

La guerre du Golfe ou guerre du Koweït opposa l'Irak de Sadam Hussein qui avait annexé unilatéralement le Koweit à une coalition de 34 États, soutenue par l'Organisation des Nations Unies entre 1990 et 1991

L'intervention militaire de 2011 en Libye est uneopération militaire multinationale sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies qui s'est déroulée entre le 19 mars 2011 et le31 octobre 2011

Après plus de deux ans de conflit armé, la tragédie syrienne continue d’être préoccupante. Le soulèvement populaire, déclenché en mars 2011 en Libye a vu la violence et les armes ôter progressivement tout caractère pacifique à sa démarche initiale. Aujourd’hui la guerre civile fait rage aux quatre coins du pays et provoque un exode massif.

Pourquoi ces rappels ? Ils conduisent à constater que lorsque de beaux esprits affirment que ce sont les interventions militaires occidentales dans les troubles du Moyen Orient qui ont provoqué les actes terroristes des islamistes radicaux, il faut voir là l’habituel réflexe culpabiliste des bonnes âmes promptes à se battre la coulpe et se charger de tous les maux de la terre.

Certes, tous ces évènements ont fourni aux barbares le prétexte à commettre leurs méfaits au nom d’une prétendue entreprise défensive. La légitime défense implique-t-elle le crime ? Mais en réalité, les islamistes ont pour véritable objectif d’instaurer un état théocratique fondé sur une lecture littérale du Coran, et où la loi coranique l’emporterait sur toute règle élaborée démocratiquement. La férule prétendument divine contre la volonté populaire. Les « Frères musulmans » n’avaient pas attendu une intervention militaire quelconque pour élaborer leur doctrine. Ni le F.I.S. algérien. Et Al Qaïda, AQMI, ou tout autre DAESH n’en sont que les continuateurs ou les héritiers. Tous sont une forme nouvelle du fascisme paré d’un vernis pseudo-religieux. La religion confisquée au profit de la dictature.

On nous dit ici ou là que tout cela n’a rien à voir avec l’Islam. Au contraire. Ces terroristes se parent du manteau de la religion. Ils prétendent parler au nom de l’Islam. Ils font une lecture rigoriste, littérale du Coran, voulant imposer pleinement l’application de la Charia, loi coranique, dans tous les aspects de la vie publique comme privée. Il revient donc en premier lieu aux musulmans eux-mêmes de faire le ménage dans leurs rangs afin d’éradiquer cette branche véreuse de leur champ spirituel.

A ce totalitarisme, il convient d’opposer une détermination sans failles, une lutte sans merci. Et aux musulmans de monter en première ligne, eux dont ces barbares confisquent les Textes et l’esprit pour déguiser leur idéologie en courant religieux. La barbarie de ces monstres parée du masque religieux combat contre la liberté, contre la culture, contre la joie de vivre.

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 18:48
La violence en entreprise

Lundi 5 octobre 2015, deux cadres de la compagnie Air France ont fui la réunion du comité central de l’entreprise consacré au plan de restructuration, poursuivis par des membres du personnel présents, puis ont été violemment agressés par quelques uns d’entre eux. Ils ne sont parvenus à échapper à ce qui aurait pu probablement s’apparenter à un lynchage qu’en escaladant promptement le grillage, aidés par des gardes du corps.

L’incident a été ensuite largement diffusé et commenté dans tous les medias nationaux et étrangers, photos à l’appui. La presse les a montrés dépenaillés, traumatisés.

Evidemment, rien ne peut justifier un tel comportement, et ceux qui s’en sont rendu coupables méritent bien le qualificatif de « voyous » qu’a utilisé le premier ministre Manuel Valls. Tous les salariés de la compagnie se sentent menacés d’un éventuel licenciement. Or, même si la séance a très vite semblée tendue, voire houleuse, très peu d’entre eux se sont conduits de cette manière inadmissible. Cela mérite évidemment une sanction.

Tout de même. On commente abondamment cet incident condamnable, et le choc a été tel dans l’opinion que cela parait naturel.

Mais quid des violences matérielles, psychologiques ou morales que subissent les salariés et leurs familles des entreprises qui licencient à tours de bras malgré les bénéfices engrangés, ou parfois déménagent à la cloche de bois pendant que leurs employés sont partis en vacances, ou encore celles bien réelles qu’endurent des salariés auxquels l’entreprise refuse une petite augmentation de salaire, voire en impose une diminution, tandis qu’elle accorde à son ou ses dirigeants des primes mirifiques ou des «retraites-chapeau » ?

Evidemment, ces violences-là ne se photographient pas, ne peuvent pas illustrer les « unes » de la presse. Au contraire, la discrétion en la matière est de mise.

N’y a-t-il pas là deux poids deux mesures ? Cela se passe comme si pour les medias il y avait des violences dont il convient de s’émouvoir et donc de montrer, et d’autres qu’il faudrait pudiquement masquer.

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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 10:30
Dessiner librement

« Dessiner librement ce qui ne nuit pas à autrui » semble nous dire Regis Debray (Le Monde 22/9/2015). Et il précise « La liberté d’expression, on est tous pour … A l’extérieur, c’est un peu plus compliqué … (les) convictions religieuses … sont d’une autre nature que des opinions … la sensibilité s’implique et engage … le tout d’une personne ».

Derrière toutes ces considérations, on devine qu’est notamment en ligne de mire le problème des caricatures de Mahomet.

Or, tout de même, la religion est d’abord une croyance, et comme toutes les croyances, peut se prêter à contestation. Même, et surtout « A l’extérieur » sans quoi il n’y a plus de liberté d’expression, « extérieur » étant entendu comme débat..

Cela étant, certes cette liberté ne doit en aucun cas s’exercer au détriment d’autrui. Mais la nuisance n’est effective que si elle se manifeste publiquement et ostensiblement. Ainsi, lorsque l’affiche d’un film exhibe publiquement la Vierge Marie enceinte, ou Jésus-Christ en érection sur la croix, que celle annonçant les caricatures de Mahomet s’expose de la même façon en kiosque, et on pense aussi à l’odieuse affiche de l’exposition « le Juif et la France » de la sinistre époque nazie, alors les consciences sont incontestablement agressées et le mal est fait.

Mais quand les caricatures sont publiées dans une feuille que nul n’est obligé de lire, ou que nulle affiche n’expose une quelconque critique, alors l’autocensure peut être soumise à discussion. Tout est question de dosage. Il y aurait certes là matière à réflexion.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 14:04
Social: A-t-on tout essayé?

Après que l’on ait « tout essayé » (dixit F.Mitterrand ), bousculer les acquis sociaux pour créer un environnement favorable aux investissements et à la création d’emplois, serait-ce une voie nouvelle ?

Pris sous la forme d’une affirmation aussi abrupte, ce propos ne peut que soulever l’indignation du monde du travail livré ainsi pieds et poings liés à l’arbitraire du patronat qui en exige toujours plus pour avoir les mains totalement libres.

Mais s'arc-bouter obstinément et sans concessions aucunes sur nos acquis sociaux, c’est aussi n’œuvrer que pour défendre ceux qui seuls ont déjà un emploi et sont assurés de pouvoir vivre décemment. C’est abandonner à leur sort tous ceux qui n’ont pas de travail et donc pas de quoi vivre, ainsi que toute cette armée de ceux qu’on appelle les travailleurs pauvres, ne subsistant qu’avec un petit boulot, souvent temporaire ou précaire ne leur permettant à peine que de seulement survivre. Maintien des acquis sociaux ou pas, eux n’en bénéficient aucunement.

Dans ce contexte, et la mondialisation régnant, multiplier les contraintes et les tracasseries de toutes sortes envers les entreprises ne pourrait que les pousser vers la sortie, on appelle cela la « délocalisation ». Il ne faut jamais oublier que nous sommes en régime libéral, et ce sont les entreprises qui décident de leur stratégie économique et créent les emplois, et sont libres d’aller et venir où bon leur semble.

Comme on le voit, sauf à rompre résolument avec le système capitaliste et à emprunter la voie révolutionnaire -mais il faudrait pour ce faire emporter dans cette démarche une majorité de partisans sans laquelle il ne resterait que la contrainte, et on en a vu les résultats sous d’autres cieux - la voie est étroite pour toute majorité de gouvernement.

Alors, les acquis sociaux ? Les lois régissant le monde du travail ?

Assouplir ces règles et créer plus de flexibilité, c’est ajouter la précarité à la pauvreté. Dans le climat actuel, un travailleur exposé au bas salaire et au licenciement n’aurait aucune chance d’obtenir un logement ou un prêt bancaire, ne pourrait construire aucun projet d’avenir pour lui ou pour les siens.

On ne pourrait donc envisager de modifier les lois sur le travail et d’alléger les règles de l’embauche qu’en engageant une grande réforme englobant les banques, le logement et la formation. Ainsi, les entreprises ne pourraient plus arguer de la lourdeur administrative et traîner les pieds pour créer des emplois. Les chômeurs pourraient retrouver le chemin du travail et de la socialisation. On introduirait ce dont on parle souvent mais dont on ne voit jamais la moindre réalisation, la flexi-sécurité déjà pratiquée dans certains pays. Car que vaut-il mieux ? Un travail à durée déterminée pour beaucoup, et qui pourrait déboucher après une expérience réussie sur un contrat solide à durée indéterminé, et un droit permanent à la formation continue, ou pas de travail et un chômage de masse durable ?

Cela reviendraitt à un véritable partage du travail. Et cela, on ne l’a encore jamais essayé.

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