En 2002, alors que seulement 19.88 % des participants à l’élection présidentielle avaient voté au premier tour pour Jacques Chirac, candidat sortant du RPR resté en lice, 82.21 % des votants lui avaient accordé leurs suffrages au second tour pour faire barrage à son concurrent du Front National Jean-Marie Le Pen. Un véritable Front républicain, droite et gauche assemblées, s’était constitué, non pas pour approuver le programme défendu par le candidat du RPR, mais pour faire résolument barrage au Front National.
Fallait-il conclure que la majorité des Français avaient approuvé son programme ? Bien sur que non. D’ailleurs, les observateurs avertis en avaient déduit que la sagesse aurait dû conduire Jacques Chirac à ouvrir en réponse son gouvernement à des personnalités de tout le prisme du paysage politique. Il n’en a pas été ainsi. Le second mandat présidentiel de Jacques Chirac en a assurément pâti.
Cela a-t-il inspiré ou au moins averti Emmanuel Macron candidat vainqueur de la présidentielle de 2017, qui avait proclamé durant sa campagne à grands sons de trompes son « En même temps », ou « et de droite et de gauche » ?
Hélas, non ! Comme M. Sarkosy en 2007, il s’est borné à pratiquer du débauchage et non de l’ouverture. Sûr de lui et triomphateur, surfant sur ses 66,10 % de votants du second tour, il n’a eu depuis de cesse de clamer que les Français ont approuvé son programme. Mais il semble occulter le fait qu’au premier tour, celui auquel on choisit, seulement 24,01% des votants soit moins de 20% des Français ont souscrit à ses propositions . Tous ceux qui au premier tour les ont rejetées , soit plus de 75% des électeurs, ne se sont ralliés à lui que pour rejeter la candidate du Front National, Marine le Pen. Le scénario répète celui de 2002. Mais plutôt que de tirer les leçons de 2002, M.Macron s’est obstiné à rabâcher que son programme a reçu l’assentiment de tous les Français. Grave bévue ou mauvaise foi ? Peu importe, les gilets jaunes ont fourni la réponse, et de graves dérives s’en sont suivies.
On attend désormais que M. Macron se montre à la hauteur de la situation actuellement des plus graves. Pour l’heure, il ne semble pas en prendre le chemin. Il tente de noyer le mécontentement général par des entreprises dilatoires de communication et des séances de palabres tous azimuts.
Mais gare à l’atterrissage ! Le mouvement des gilets jaunes a ouvert à leur corps défendant la voie à des entreprises de déstabilisation sinon de destruction du système démocratique. La solution sécuritaire choisie par le pouvoir semble pour l’heure ramener le calme, mais rien ne laisse deviner ce que sera la suite, lorsque la période anesthésiante des palabres aura pris fin. Le problème posé par les gilets jaunes est à la fois social et politique, la solution ne peut pas se borner à assurer l’ordre et la sécurité, et à se prévaloir indéfiniment de la cagnotte des 66,10% !