L’unique référendum du quinquennat 2007-2012 sous l’égide de M. Sarkosy concernait le projet de traité constitutionnel européen. Les Français avaient répondu résolument non, rejetant une Europe simplement marchande. M. Sarkosy est passé outre et nous a imposé par parlement croupion interposé un traité jumeau dit traité de Lisbonne. Belle leçon de respect de la démocratie !
Aujourd’hui, en pleine perte de vitesse à la veille de l’élection présidentielle, et pour créer un buzz où on parlerait de lui, il avance en urgence des propositions faisant débat, mais débat tordu.
Un référendum sur l’indemnisation des chômeurs sommés d’accepter n’importe quelle première embauche ou reconversion, laissant supposer que les 4 millions de chômeurs seraient tous des fainéants ayant choisi l’inactivité plutôt que le travail, quel populisme odieux en quête des voix lepenistes !
Un technicien en électricité qui doit rembourser les traites de sa maison et largué par son entreprise délocalisée serait par exemple sommé d’accepter une reconversion dans le secteur de la maçonnerie pour se voir offrir un emploi de plâtrier à 800 km de sa famille ? De qui se moque-t-on ?
M. Wauquier parle du chômage comme d'un cancer de l'assistanat. Qu'il nous parle aussi des metastases de la voracité que sont la spéculation financière ou le cumul des mandats. Certes, vivre à des années lumière de la précarité et des fins de mois difficiles n'est pas une tare. Mais tenir des propos aussi méprisants envers les chômeurs est une ignominie et vous délégitime d'être un élu représentant du peuple.
Et pourquoi pas un référendum sur les stocks-option des patrons du CAC 40, ou sur leurs salaires faramineux, un autre sur le bouclier fiscal, bref une consultation populaire sur tous les sujets qui soulèvent l’émotion ou la discorde ? On verrait ainsi se lever une vague d’acrimonie ou de haine opposant les catégories. La zizanie plutôt que la concorde et le vivre-ensemble.
La droite est experte en divisions ou en antagonisme dès qu’il s’agit de questions sociétales, prête à exacerber tout ce qu’il y a de réflexes de convoitises ou de jalousies entre les citoyens. Et pendant ce temps, on ne parle pas de l’essentiel. Les restos du cœur, créés en 1985 par Coluche pour soulager provisoirement la misère des démunis en attendant que les pouvoirs publics résolvent le problème de la précarité durent toujours, 27 ans après ! Et ils ne désemplissent pas, au contraire. La désindustrialisation de la France s’accélère, le chômage est endémique, les sans-abris sont légion, il en meurt en hiver, bref les vrais problèmes perdurent, mais la droite, au pouvoir depuis dix ans sans discontinuer provoque des débats-écran pour échapper au bilan et glaner les voix extrémistes. Et la crise a bon dos.
Et le nucléaire ? Maintenir la centrale de Fessenheim ? Pourquoi pas ? Mais au moins, qu’on évalue d’abord les coûts comparés d’une part du maintien après mise au niveau de sécurité maximum et d’autre part de sa fermeture. Au demeurant, que pense Mme Kosciusko-Morizet ? Démissionnerait-elle ?
Et l’euthanasie ? Un référendum sans un débat au fond qui éclairerait les citoyens sur tous les aspects médicaux, sociaux, éthiques du problème ? Toujours la précipitation après cinq années d’agitation tous azimuts dans le seul but d’attirer la lumière des projecteurs. La com, la com, la com, mais d’actions concrètes et efficaces, point ou guère.De temps en temps, quand un problème surgit qui met l'image du pouvoir en place en péril, M. Sarkosy sort un lapin de son chapeau pour amuser la galerie. Et passez muscade.
Mais désormais, plus personne ne pourra prétendre que la droite et la gauche, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Malgré les écrans de fumée, le choix va être limpide.De la fin du cirque, l'heure a sonné.